A 19km au sud de Nagasaki, dans la mer d’Amakusa, une petite ville en ruines située sur une ile fantôme offre à ses visiteurs la vision d’un monde post apocalyptique.
Hashima avant Gunkanjima
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la petite île de Hashima (端島) n’était visitée que par de rares pécheurs et par quelques pèlerins qui se rendaient au petit temple situé à son sommet.
En 1810, on y découvre un important gisement de houille mais cela ne modifie encore pas le destin de l’ile. C’est après son rachat en 1890 par le groupe industriel Mistubishi que le paysage commence à se transformer.
Modernité
Les mineurs et leurs familles seront installés dans les premières constructions en béton du Japon. Des équipements urbains seront construits, écoles, commerces, jardins… L’ile sera progressivement étendue jusqu’à doubler de surface, atteignant 480m X 160m en 1931.
La ressemblance de l’ile, vue de la mer, avec un cuirassé japonais des années 20, lui donnera son surnom : Gunkajima, l’île navire de guerre (Battleship Island).
La seconde guerre mondiale
Pendant la seconde guerre mondiale cet endroit fut le lieu de crimes de guerre qui entachent l’histoire du Japon. Gunkanjima fut convertie en camp de travail forcé pour 800 prisonniers coréens dans des conditions proches de l’esclavage. Plus de 120 y sont morts. A cause de cela, entre autre, les relations entre les deux pays sont encore difficiles de nos jours.
Des années glorieuses au déclin
De retour à la paix, les ouvriers de la firme Mitsubishi reprirent l’exploitation de la mine très loin sous le niveau de la mer. Le confort des logements et les équipements de l’île devinrent très enviables dans un Japon en reconstruction. Piscine, université, hôpital, cinéma et même une maison de tolérance transformèrent l’île en véritable ville habitée de plus de 5300 habitants dans les années 60. Hashima devint alors l’endroit le plus densément peuplé du monde.
L’abandon
Confrontée au remplacement de la houille par le pétrole dans la production industrielle, la population décroit au début des années 70 jusqu’à la fermeture de la mine en 1974 entraînant l’abandon rapide de l’île. Les typhons et autres tremblement de terre fréquents au Japon transformèrent cette citadelle en ruine impressionnante dont l’accès fut vite interdit car jugée dangereux.
Après la chute, le renouveau
Les cinéastes ont très tôt appréciés le caractère inquiétant de l’ile et de nombreux films et clips y ont été tournés (dont un James Bond).
En 2009, des travaux d’aménagement et de consolidation sont entrepris. Des navettes au départ de Nagasaki sont mises en service et des visites très encadrées sont organisées. Google street map en a fait la reconnaissance complète et il est possible désormais de visiter virtuellement les bâtiments au-delà de la zone accessible.
Le classement au Patrimoine de l’UNESCO
Associée à une vingtaine d’autres sites industriels du début du XXe siècle, le Japon demande son inscription au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO. En 2015, malgré l’opposition de la Corée du Sud, Hashima rejoint la prestigieuse protection sous la dénomination « Sites de la révolution industrielle Meiji au Japon : sidérurgie, construction navale et extraction houillère »
Y aller
Les visites officielles sont organisées au départ du port de Nagasaki. Les navettes font le tour de l’ile, débarquent les visiteurs dans des espaces sécurisés pour une heure puis reconduisent les touristes à leur point de départ.
Les visites non officielles sont interdites mais on peut constater sur le net que certains y parviennent… L’excellent site Japonsecret.fr a visité le site et fait un superbe reportage que je vous conseille de visiter pour voir comment c’est à l’intérieur : Gunkanjima, Hashima Island.
J’aime beaucoup le Japon où je suis allé plusieurs fois. Pour aller plus loin, vous pouvez visiter la section photo consacrée à ce pays. J’ai eu la chance de participer au Matsuri de Kawagoe (sorte de défilé traditionnel).