Au Japon la religion est un sujet complexe. L’archipel a toujours partagé ses dévotions entre le Shintoïsme et le Bouddhisme. Accessoirement le Catholicisme a fait une tentative d’apparition à l’ouest de Kyushu au XVIe siècle. Cela s’est assez mal terminé et a conduit à la fermeture du pays pendant près de 400 ans.
Aujourd’hui les japonais ont intégré ces 3 religions puis qu’ils naissent shintoïstes, se marient souvent chrétiens et meurent bouddhistes.
De toute façon, les japonais se définissent eux même comme étant les moins croyants de la planète (mais pas les moins superstitieux).
Le Shintoïsme
La religion shintoïste est spécifique au Japon. C’est une sorte d’animisme : les dieux sont partout et multiples. leurs manifestations se matérialisent dans les rivières, les montagnes, le vent, le chant des oiseaux… et leur chef est le descendant de la déesse Amaterasu : l’Empereur.
Une des manifestations les plus accessibles, pour nous occidentaux, de la pratique du shintoïsme est le Matsuri bien qu’il y ait également des matsuri bouddhistes.
Les Matsuri
Qu’est-ce que les matsuri ? ce sont des fêtes dédiées aux divinités protectrices locales qui se traduisent souvent par des défilés ou des processions. Chaque ville, chaque village organise son défilé en l’honneur de son esprit protecteur. Certains sont dédiés à des groupe ou des corporations.
Les matsuri revêtent différentes formes. Certains sont des processions en costume, des parades, d’autre des danses, d’autres encore des rassemblements de chars…
C’est pour les japonais l’occasion de se retrouver en famille ou entre amis, de boire et de déguster des spécialités. Les enfants se livrent à des jeux d’adresse, pêchent des poissons rouges en habits traditionnels…
Kawagoe, la petite Edo
Surnommée la « petite Edo » en raison d’une ancienne ressemblance avec Tokyo (quand celle-ci n’était qu’un village), Kawagoe a conservé un centre historique modeste. La tour de la cloche en est le symbole et le quartier des entrepôts est intéressant. En dépit de l’avis très critique du site Kampai, d’ordinaire d’assez bon conseil, la ville vaut bien une visite, à plus forte raison lors de son matsuri.
Le matsuri de Kawagoe
Le festival de Kawagoe a lieu chaque année le 3eme week-end d’octobre. Il existe depuis 370 ans. En 1648, le shogun de Kawagoe fit don d’objets religieux au sanctuaire Hikiwa, des tambours, des flûtes et un autel portatif. Des processions s’organisèrent à partir de ce temple dans les 10 quartiers alentour, c’était le début du matsuri.de Kawagoe.
Histoire du matsuri
Vers 1840, les chars furent unifiés et prirent leurs formes actuelles, sur plusieurs niveaux avec un mannequin symbolisant le quartier en leurs sommets. Le matsuri consiste en un défilé en costumes historiques au départ du temple et une procession de chars. Ceux-ci sont tirés à bras d’homme, de leurs quartiers respectifs en direction du centre-ville. Lors de la rencontre avec un char voisin, aux croisements des rues, une joute de musique et de danse traditionnelles (hikkawase) se produit. Ces concerts se prolongent toute la journée.
A la nuit tombée, les chars s’illuminent de bougies et de flambeaux donnant un aspect féérique à la ville. Des marchés traditionnels vendent toutes sortes d’artisanat, de spécialités culinaires et de masques pour enfants.
Le matsuri aujourd’hui
En 2005 (la même année que le classement du Havre) l’UNESCO inscrit le festival de Kawagoe comme « biens culturels folkloriques intangibles importants »
Lors de notre premier voyage au Japon en 2010, nos amis Tetsuya et Riiko nous avaient aidés à construire un itinéraire qui nous faisait passer par la ville au moment du Matsuri.
Ayant été invité par les parents de Tetsuya à sacrifier à la divinité protectrice de leur quartier, nous avons été conviés à participer activement à la fête en étant les premiers occidentaux à tirer le char de Shita-Mashi Benkei.
www.vivrelejapon.com/ville-tokyo/kawagoe
asianwanderlust.com/kawagoe-japon/
Matsuri de Kyoto
La ville de Kyoto est au Shintoïsme ce que Rome est au Catholicisme. Les temples et les lieux sacrés y atteignent une concentration époustouflante.
De nombreux matsuri y sont donc organisés tout au long de l’année. L’un des trois principaux est le Jidai Matsuri qui a lieu le 22 octobre entre Kyoto Gosho, le palais impérial où résida l’empereur jusqu’en 1868 et le sanctuaire Heian-jingu. Il commémore depuis 1895 la fondation de l’ancienne capitale de l’empire en 794.
Festival des âges révolus
Ce matsuri porte bien son nom de festival des âges révolus puisqu’il consiste en une (très) longue procession de personnages en costumes traditionnels. 2000 soldats, prêtres, shoguns, grandes dames et Empereurs se suivent évoquant le fil chronologique de la fondation de Kyoto jusqu’au départ du dernier empereur vers Tokyo.
Deux heures durant, on assiste à un défilé un peu solennel, ponctué ça et là de musiques traditionnelles et de danses. Les costumes sont magnifiquement reconstitués. Des attelages de bœufs tirent chars sur lesquels trônent des courtisanes, des archers à cheval les suivent, des servantes portant des bouquets de fleurs… un vernis culturel de l’histoire du Japon est utile (ou un bon guide : merci Riiko) car les époques se suivent assez confusément pour un européen moyen !
www.kanpai.fr/kyoto/jidai-matsuri
Sanctuaire Todaiji à Nara
Si Kyoto est la Rome du Japon, Nara en est le Vatican. Cette merveilleuse ville est majoritairement constituée de temples et de monastères bouddhistes et shintoïstes. Chacun de ces sanctuaires dispose tout au long de l’année, de leurs propres cérémonies et autres célébrations.
Le temple Todaiji fête depuis près de 1270 ans, quand Nara était la capitale du Japon, le retour du printemps par un nettoyage vigoureux et des cérémonies de purification spectaculaires.
Rite de Shuni-e
Le feu
Entre le 1er et le 14 mars, les moines pratiquent le rite de Shuni-e. Confessions, prières et méditations se terminent chaque soir à la nuit tombante par l’Otaimatsu : la purification.
Les semaines précédant les célébrations, des torches mesurant jusqu’à 8 mètres de long sont fabriquées avec des bambous et des branchages de pin. Suivant un calendrier précis en fonction du jour, 2 à 12 torches sont enflammées. Les moines les promènent au niveau de la galerie supérieure du temple, à la hauteur du grand Bouddha. Ils agitent l’ensemble en courant afin de produire un maximum de flammes et d’étincelles au dessus de la foule recueillie et transie. C’est qu’il fait encore froid début mars dans le Kansaï. Si une étincelle vous touche, vous êtes protégé pour l’année à venir.
Et l’eau
La cérémonie majeure du rite est l’Omizutori. Cela consiste à donner de l’eau sacrée tirée d’un puits situé sous le temple à boire à la divinité Kannon. Elle se déroule à 2h du matin le 13 mars. Le lendemain une apothéose de torches enflammées clôt les cérémonies du Shuni-e. Le printemps est là : les cerisiers peuvent éclore.
www.vivrelejapon.com/ville-nara/omizutori-ceremonie-todaiji-eau
Kurashiki
Kurashiki, à quelques kilomètres d’Okayama est une jolie petite ville préservé des bombardements de la dernière guerre mondiale. Autrefois directement placée sous l’autorité des shoguns, la ville était un port important et un des principaux lieux de culture et d’exploitation de l’indigo au Japon.
Traversée de canaux que les touristes parcourent dans des barques à fond plat, le centre historique est riche de bâtiments et d’anciens entrepôts transformés en musées ou restaurants.
Non loin du quartier de Bikan, on accède par un escalier en pierre très raide au jardin Tsurugata-yama-koen et au sanctuaire shintoïste Achi-jinja qui dominent la ville.
Matsuri de Kurashiki
Au mois d’octobre un étrange défilé parcours les rues autour du temple. Au son des tambours du Japon, des jeunes gens portant des masques de vieux accompagnent des danseurs déguisés en lions. Ils donnent aux passants des coups d’éventails sur la tête. Cette bénédiction est sensée apporter sagesse et santé.
www.kurashiki-tabi.jp/for/fr/index.html
vivrelejapon.com/ville-okayama/kurashiki
Hina matsuri
Certains matsuri ne sont pas liés à des lieux définis. Ils se déroulent sur l’ensemble de l’archipel. C’est le cas de Hina matsuri, la fête des poupées.
Début mars, les petites japonaises sortent des poupées à l’image des empereurs de l’ère Heian et de leurs suites de leurs boîtes et les exposent sur des petites étagères à plusieurs niveaux. Les institutions, restaurants et autres magasins exposent également ces figurines qui sont parfois très anciennes et très précieuses.
De nombreux autres festivals attirent la ferveur et les touristes dans toutes les coins du Japon. C’est à chaque fois l’occasion de pénétrer dans l’âme de l’archipel. Pour connaitre les principaux, je vous recommande la visite de ce site : www.vivrelejapon.com